lunes, 8 de julio de 2013

DOMINIQUE A (1968): JE SUIS UNE VILLE (SOY UNA CIUDAD, 1999)


Dominique A - Je suis une ville por DominiqueA-Official

Je suis une ville dont beaucoup sont partis 
Enfin pas tous encore mais ça se rétrécit 
Il reste celui-là qui ne se voit pas ailleurs 
Celui-là qui s'y voit mais à qui ça fait peur 
Et celle-là qui ne sait plus, qui est trop abrutie 
Qui ne sait pas où elle est ou qui se croit partie 

Je suis une ville où l'on ne voit même plus 
Qu'un tel n'est pas au mieux, lui qu'on a toujours vu 
Avec les joues bien bleues, avec les yeux rougis 
Ou avec le teint gris, mais bon, avec l'air d'être en vie 
Un jour il est foutu et peu comprennent alors 
Que la mort a frappé quelqu'un de déjà mort 

Je suis une ville de chantiers ajournés 
De fêtes nationales, de peu de volonté 
De fraises qui prolifèrent le nez bien dans le verre 
De retrouvailles pénibles car sur un pied de guerre 
De visites écourtées ou dont on désespère 
Je suis une ville couchée la bouche de travers 

Parce qu'il y fait trop froid, parce que c'est trop petit 
Beaucoup vont s'en aller car beaucoup sont partis 
Il en revient parfois qui n'ont pas tous compris 
Ce qui les ramène là et les attend ici 
Ils ne demandent qu'à dire combien ils sont heureux 
D'être là à nouveau, qu'on les y aide un peu 

Qu'ils ne comptent pas sur moi pour les en remercier 
On ne remercie pas ceux qui vous ont quittés 
Qui reviennent par dépit et ne le savent même pas 
Ils ne savent rien de rien et pourtant ils sont là 
Et je suis encore fière et plutôt dépérir 
Que de tout pardonner, que de les accueillir 

Je suis une ville dont beaucoup sont partis 
Enfin pas tous encore mais ça se rétrécit 
Et je suis bien marquée, d'ailleurs je ne vis plus 
Que sur ce capital, mes rides bien en vue 
Mais mes poches sont vides et ma tête est ailleurs 
Je suis une ville foutue qui ne sait plus lire l'heure 
Qui a oublié l'heure 
Qui ne sait plus lire l'heure 
Qui a oublié l'heure

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